Ce qui ne te tue pas te rend plus fort

Sandia Karima Boina M. Vitali

Un enfant se construit à partir de son histoire familiale, de sa culture et de son environnement. 

Mes filles ne se retrouvaient dans aucun de ses trois domaines.

Or, leur situation frôlait la précarité. Le contexte familial ne favorisait pas le dialogue, et ne leur offrait pas la « sécurité » d’un quotidien serein et confortable.

Et quand- à leur culture, comment expliquer à des enfants comoriens, vivant en Europe, que la raison du départ de leur père était le manque d’entente entre leur mère et la famille de leur père ?

Mes filles ne pouvaient pas entendre ce type de discours.

Tout cela dépassait de loin leur compréhension des rôles de père et mère.

Quoiqu’il en soit, je savais que je devais avancer en dépit de mes inquiétudes, mon amertume et mon désespoir. Il fallait avancer à tout prix et éviter de me consumer à petit feu. 

Quelquefois, ma petite voix me disait d'attendre et de laisser passer la tempête. Mais ma conscience me dirigeait vers la route de l'espérance, même si sur le bord du chemin, je risquais d’être confrontée à des écueils. Je me disais que j'aurai tout de même essayé de ne pas subir passivement. 

Avec le temps, j'ai appris à apprivoiser mes peurs. Mon vœu le plus vif était de voir enfin l'aube qui réaliserait mon vœu le plus cher, celui de gagner enfin ma liberté.

J’aurais fait un grand pas si je le pouvais afin de m’éloigner de ce champ de mines qui mettait en permanence ma vie en danger.

Ma rage de vivre me permettait de sauvegarder le peu de force qui me restait. Je mobilisais toute mon énergie pour rester en vie. 

Je ne vous cache pas que, même si j’étais souvent pleine d'entrain, je souffrais d’une profonde angoisse. J'essayais de faire abstraction de ces douleurs. Je prenais mon bâton de pèlerin, ma boussole, et mon courage à deux mains et j’avançais, forte de toutes les vicissitudes auxquelles j’ai dû faire face. J’apprenais surtout à suturer mes plaies et à ne plus faire semblant de ne pas être touchée.

Je mettais toute ma force et ma foi à balayer le désarroi qui revenait sans cesse sur mon chemin. Courageuse, j’essayais d’appliquer à moi-même la célèbre devise : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». 

Extrait du livre de Sandia Karima Boina M. Vitali

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