Les Comores, un archipel situé dans l’océan Indien, sont souvent présentées comme une société matrilinéaire, où la filiation et la transmission des biens passent par les femmes. Cependant, cette perception masque une réalité bien plus complexe, marquée par une exclusion des femmes des sphères décisionnelles et politiques. Le 03 octobre 2024, lors de ma participation à un groupe de réflexion composé de 277 membres, incluant des ministres en fonction, d’anciens ministres, des représentants des partis politiques du pouvoir en place, de l'opposition, de la partie civile, des opérateurs économiques, des notables et des hauts cadres de la société comorienne, j’ai découvert une réalité troublante : bien que présentes, les femmes n’ont pas véritablement droit de participer à l’écriture d’un nouveau chapitre pour le pays.
J’ai été choquée d’apprendre que certains membres, des hommes influents, s’étaient mobilisés pour m’exclure de ce groupe simplement parce que j’étais une femme. Cette exclusion met en lumière une contradiction flagrante : dans une société qui se revendique matrilinéaire, la voix des femmes est toujours marginalisée dans les espaces publics. Ce paradoxe montre comment une tradition pourtant solidement ancrée dans la culture comorienne est progressivement subordonnée à des valeurs patriarcales, souvent renforcées par des interprétations radicales de l’islam. Avec une population composée à 95 % de musulmans, la religion occupe une place centrale dans l’organisation sociale, mais elle est parfois instrumentalisée pour légitimer l’exclusion des femmes des débats publics et des processus de décision?
Ce que j’ai vécu est symptomatique d’une vision réductrice de la femme, perçue comme un objet de désir, une figure soumise, dont la parole doit être étouffée pour préserver un ordre social dominé par les hommes. Il est essentiel de rappeler que la Constitution des Comores, ainsi que les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, signés par le pays, garantissent l’égalité des sexes et la dignité des femmes. Pourtant, dans les faits, ces droits sont souvent bafoués. L’incident où seulement six (6) hommes, parmi près de 300 membres, se sont levés pour défendre mon droit à m’exprimer, en est une triste illustration.
En tant que sociothérapeute, humaniste et analyste transactionnelle, je suis convaincue que l’exclusion des femmes des espaces de décision est non seulement une injustice criante, mais aussi une entrave au développement socio-économique, culturel et spirituel du pays. Ma formation en droits de l’homme et en analyse transgénérationnelle me permet de souligner que ces comportements ne sont pas seulement le reflet de croyances religieuses, mais aussi le produit d’un héritage historique complexe. Le rôle des femmes dans la société comorienne, bien que fondamental, est souvent dévalorisé par des structures patriarcales qu’il est urgent de questionner et de réformer.
La situation des Comores est emblématique de nombreux pays africains et du monde musulman, où les femmes luttent pour trouver leur place dans des systèmes qui refusent de les considérer comme des partenaires égaux dans la construction de la société. Il est impératif d’ouvrir ce débat au sein des institutions nationales afin que la voix des femmes ne soit plus étouffée, mais pleinement reconnue et intégrée aux réflexions sur le développement durable du pays.
Il est temps de poser les bases d’un nouveau modèle de gouvernance qui intègre véritablement les femmes dans les processus de décision. Il est essentiel de rappeler que la dignité de la femme ne peut être subordonnée ni à des interprétations extrémistes de la religion ni aux traditions patriarcales. Nous devons construire une société où hommes et femmes travaillent ensemble, sur un pied d’égalité, pour le bien commun. Le respect des droits humains fondamentaux et l’intégration de tous sont des conditions sine qua non pour assurer un avenir harmonieux et prospère aux Comores.
L’avenir du pays dépend de notre capacité à bâtir un modèle inclusif, où la voix des femmes est entendue et respectée, et où leur participation active est reconnue comme un facteur essentiel du développement et de la stabilité.
Présidente fondatrice de l’OCD International Federalitude Suisse
Humaniste, militante, écrivaine, sociothérapeute, coach de vie analytique, spécialiste en communication non verbale/non violente, praticienne en PNL (Programmation Neuro-Linguistique), analyse transactionnelle et mémoire transgénérationnelle, formatrice universitaire.
📞 Contact : +41 78 695 17 10
📧 Email : ocdinternational.communication@gmail.com / sandiakarima@gmail.com
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