Notre éducation a été réfléchie dans les moindres détails.

AU-DELA DES FRONTIERES

Notre éducation a été réfléchie dans les moindres détails. Elle savait définir une priorité dans nos besoins et essayait de répondre à toutes nos attentes et sollicitations. Sa façon d’évoquer de vieux souvenirs nous concernant nous surprenait toujours car sa mémoire était bonne et son parler sûr et précis. Elle était native de la ville Shuani, située à dix-sept kilomètres de Moroni, l’une des villes les plus anciennes des Comores.

L’histoire raconte que Moroni aurait été peuplée par ceux qui, au prix de leur vie, auraient entrepris un long voyage sur un boutre à voile pour échapper à leur misère et atteindre le continent de leurs rêves.

Donc, des conquérants ! Des prémices encourageantes pour la descendance ! Ils auraient échoué sur nos côtes lors des premières arrivées en provenance du golfe Persique, des voyageurs musulmans pendant les premiers siècles de l’Hégire, après 622.

Un renseignement scolaire, mais nécessaire ! Car ainsi naquit un lieu et la lignée de nos familles, les Mboulihano, qui nous ont certainement transmis le goût de l’ailleurs, l’audace et la persévérance. Nous devions faire aussi bien, voire mieux !

​En hommage à cette vielle, Shuani, et à ses fondateurs, les Mboulihano, mes ancêtres, j’ai écrit un poème revu et corrigé par mon cousin Ahmed Mohamed Diguera alias Tintin, parti trop tôt, à qui je rends hommage et que je me permets de le partager avec vous ici.

« Ô chamelle câline, Chouani ma ville natale !

Ilot paisible et paradisiaque,

Contrée de la fertilité et de l’amour,

J’ai mûri avec ton lait pur et chaleureux,

Repu de la plénitude de tes gracieuses mamelles.

J’en suis envoûté de ta largesse physique

A la petitesse de ton enclos.

Ô chamelle câline, Chouani ma ville natale !

Tes histoires géopolitiques témoignent

De ton héritage de mes ancêtres.

Tu es une plaque tournante

Et la fortune te sourit.

Alliée avec tous ces pays qui t’encerclent,

Tu me sembles telle une perle au fond de l’huître.

Ô chamelle câline, Chouani ma ville natale !

Que ce soit Ali Soilihi, Mbouli ou Djohar!!

Tant des guerriers et révolutionnaires ont fait couler leur sang comme mes ancêtres les Mboulihano, rien que pour ta survie.

Chère Patrie, par la grâce de Dieu,

Dissimule toutes les offres

De notre vie, avec tes ailes de géants.

Ô chamelle câline, Chouani ma ville natale!

Le bon berger avec son poignard et son bouclier te fait paître.

Son pagne et sa houppelande te couvrent comme le ciel,

Mère d’un peuple révolutionnaire comme Ali Soilihi,

Et pluriculturel, tu as su contribuer à l’histoire de notre pays.

Ô chamelle câline, Chouani ma ville natale!

L’odeur de ton pelage, est tel le musc enivrant de la Perse.

Tu broutes les plantes magiques d’Abyssinie

En fermant lentement tes belles paupières féminines….

Je resterai ton petit nourrisson,

S’appuyant sur tes membres sablonneux,

Je vaincrai le vent tourbillonnant du Grand Boutre

Afin de te mener vers un pâturage plus verdoyant.

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