Je n’ai pas toujours eu le privilège d’écrire ni de lire comme je le fais aujourd’hui. Mon parcours, autodidacte et tardif, commence à l’âge de 10 ans, lorsque j’ai finalement pris le chemin de l’école avec la banane, un sourire d’enfant curieuse. Avant cela, les mots étaient déjà mes compagnons. Ils me visitaient chaque seconde, mais je ne savais ni comment les capturer ni comment les exprimer sur papier. Mon silence d’enfant, puisque je n’ai commencé à parler qu’à l’âge de 4 ou 5 ans, a sans doute nourri mon monde intérieur, riche en sensations et en compréhension, même si je ne pouvais pas encore nommer tout ce que je ressentais.
J’allais, chaque matin et chaque soir, écrire des mots sur le sable de la plage non loin de chez moi. Les vagues, ces messagères marines, venaient les effacer, me rappelant que les mots sont éphémères s’ils ne sont pas ancrés. Ce rituel symbolisait pour moi la nature fugace des pensées, mais aussi la force de l’expression. Cette métaphore de l’océan a guidé ma vie d’écrivaine : j’écris avec le souffle des vagues, et c’est ce souffle qui relie mes émotions à mes mots.
L’arrivée des livres
Une fois la langue de Molière maîtrisée, les livres sont devenus mon refuge. Je me suis plongée dans les récits d’amour, les revues comme "Amina", les bandes dessinées comme "Tintin" et "Astérix", mais aussi dans des œuvres plus profondes telles que "L’Aventure ambiguë" de Cheikh Hamidou Kane et "Une si longue lettre" de Mariama Bâ. Ces ouvrages, empreints d’humanité et de réflexions sur l’identité, ont éveillé en moi un goût pour la littérature introspective et engagée. J’ai trouvé dans "Le sel de tous les oublis" de Yasmina Khadra un écho à mes propres errances, cette quête perpétuelle de soi au-delà des blessures de l’oubli et de l’abandon.
L’écriture comme souffle
Mon approche littéraire est ancrée dans le souffle. Je ne conçois pas l’écriture comme un exercice mécanique, mais comme une libération émotionnelle. Le souffle de l’émotion est ce qui permet de traiter la langue en langage accessible, vecteur de messages forts, formateurs, et apaisants. Je puise cette inspiration dans les paroles créoles, si imagées et puissantes. « An kout Lang sé an nich poul bwa »—un coup de langue, c’est une niche de poule bois. Cette métaphore nous rappelle la puissance et la dangerosité des mots. En créole, comme dans toutes les langues, la parole peut être un outil de construction ou de destruction, d’où l’importance d’une réflexion éthique sur ce que nous exprimons.
L’intuition au cœur de l’écriture
L’écriture, telle que je la décris, est un flux de conscience qui dépasse la simple technique. Elle est intuitive, inspirée, et automatique, dictée par les émotions du moment. Comme une rivière qui suit son cours, elle jaillit sans contrainte, libre et sincère. Les mots se posent d’eux-mêmes, presque comme une respiration naturelle, un souffle ancré dans la sensibilité du moment présent.
À travers cette écriture automatique, j’essaie de capturer l’essence même de l’émotion pure. Chaque mot devient un écho de mes pensées les plus profondes, un pont entre mon monde intérieur et la page. Les mots ne sont plus de simples outils linguistiques, mais des messagers porteurs de mon vécu, de mes ressentis, et de mes réflexions.
L’écriture intuitive fait appel à cette énergie émotionnelle, qui va au-delà de la réflexion consciente pour laisser place à une forme d’expression plus viscérale, plus authentique. C’est une danse avec l’inconscient, où chaque phrase naît spontanément, guidée par le rythme intérieur de mes battements de cœur, de mes souffles, de mes vibrations.
Les mots s’alignent alors non pas selon les règles classiques, mais selon les lois de l’instinct, de l’intuition. Ils surgissent, se posent, se suivent comme une mélodie qui trouve son harmonie dans l’imprévu. Il y a dans cette écriture une véritable osmose entre moi et la langue. Ce sont des fragments d’âme, des éclats de vécu, des reflets de mon essence la plus intime, qui se déversent sur la page sans filtre ni barrière.
Dans cette approche, l’écriture devient aussi un exutoire, un lieu où déposer les poids invisibles de l’âme. Elle est guérison, elle est reconnaissance de soi, elle est miroir de mon humanité. Chaque mot posé devient une partie de moi-même que j’offre au monde, un fragment de vérité qui ne cherche ni validation ni approbation, mais simplement à exister.
Lorsque les mots viennent intuitivement, ils sont le reflet brut de l’instant. Ils ne sont ni retouchés ni apprêtés ; ils sont bruts, vivants, et vibrants. Et c’est dans cette spontanéité que réside leur force, leur puissance, car ils capturent un moment de vérité. Ils sont le reflet d’un état d’esprit, d’une émotion transitoire, mais en même temps universelle.
Posez des mots sur mes mots, laissez les émotions guider la plume, et dans chaque souffle, chaque battement, chaque silence, laissez émerger cette vérité. L’écriture, dans cette forme, devient un acte de liberté, une manière de se libérer des chaînes du monde, pour vivre pleinement dans la création pure et spontanée.
L’analyse littéraire
Mon écriture est souvent intuitive, inspirée par l’émotion du moment. Parfois, je ne comprends même pas ce que j’écris immédiatement. Mais si cela sonne juste, je laisse la musique des mots s’installer. Comme le disait un écrivain créole, « La littérature ne s’adresse pas à la raison, elle s’adresse à la perception ». Il s’agit de mobiliser toutes les possibilités de la sensibilité humaine : le regard, le toucher, le goût, l’inconscient… La langue est un gouvernail, une force qui dirige le corps et l’esprit.
Dans cette démarche, je m’efforce de respecter l’équilibre entre fond et forme. « Apatoudi bèl kokot é grand Peek sé sa qui adan’y ka konté »—il ne suffit pas d’avoir une belle marmite et une grande poêle ; ce qui compte, c’est ce que l’on y met. Cette moralité souligne que la valeur d’un texte ne réside pas uniquement dans sa beauté formelle, mais dans la profondeur du message qu’il véhicule.
La langue, un nœud entre créole et français
En jonglant entre le créole et le français, j’ai trouvé une manière de m’exprimer qui respecte mes racines tout en s’ouvrant au monde. Ma littérature se nourrit de cette dualité, de ce “nœud” linguistique qui, plutôt que de diviser, enrichit et complexifie mon expression.
Un parcours autodidacte
Mon apprentissage s’est fait en autodidacte. Mon éducation formelle a peut-être commencé tard, mais elle a été soutenue par une curiosité insatiable pour la langue, la culture et l’histoire. Ce n’est qu’après avoir absorbé les mots des autres que j’ai trouvé ma propre voix, ancrée dans la résilience, la quête d’identité, et le besoin de justice.
Conclusion
Aujourd’hui, en tant qu’écrivaine autodidacte, sociothérapeute, humaniste et militante, je continue d’utiliser ma plume comme un outil de transformation sociale. J’écris pour ceux qui n’ont pas de voix, pour ceux dont les récits sont effacés par les vagues de l’histoire. Chaque mot que je pose est une tentative de construire des ponts entre les peuples, les cultures, et les langues, parce que, comme le dit si bien le proverbe créole, Une parole peut avoir des conséquences terribles.
Fait à Genève, le 22 mars 2023 à 7h
Karima Sandia Sandhya Boina
Écrivaine autodidacte, prête-plume, humaniste bénévole en autofinancement et en autogestion
Présidente Internationale – OCD International Federalitude Suisse
Sociothérapeute, Coach de Vie Analytique, Maître Praticienne PNL, Analyste Transactionnelle, Écrivaine, Spécialiste en Communication Non-violente et Non-verbale, Humaniste
Coordonnées : sandiakarima@yahoo.fr
Tel: 0041786951710
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